lundi 10 juin 2019

Adélaïde, le corset.

J'avais décidé de ne pas faire de corset et puis...tout de même, une garde-robe sans corps, ce n'était pas possible ! Me voilà donc embarquée dans la construction d'un corset qu'Adélaïde ne portera pas sous ses vêtements mais qui figurera dans la liste des bagages indispensables.
Le corps, puisque le mot " corset" n'apparaît qu'au 19ème siècle, est indispensable pour modeler la silhouette. Renforcé de "baleines", raidi avec un busc sur le devant ou simplement étroitement matelassé, il est porté par presque toutes les femmes et aussi par beaucoup de messieurs.
Dans les classes laborieuses, les femmes avaient besoin de leur liberté de mouvements, elles ne se reposaient que lorsqu'elles dormaient. Pas de corps à baleines ou de busc pour elles. Elle portaient un corps rembourré, matelassé, bien moins rigide que le corps à baleines.
Les femmes qui n'avaient pas besoin de s'activer pouvaient porter un corps plus rigide et donc plus restrictif. La mode demandait une taille fine, encore accentuée par l' ampleur des jupes, un buste plat, presque conique, les seins se trouvant remontés automatiquement; le dos ainsi maintenu obligeait les filles, dès leur jeune âge à se tenir très droites. On voit que ce corps modelait la silhouette de façon assez sévère.
Et Adélaïde, où se situe-t'elle ? Elle porte comme nous l'avons vu dans le premier chapitre de ses aventures, un corps léger qui lui laisse toute latitude de mouvements pour son quotidien. Concernant son séjour à Québec, elle portera ce même corps pour voyager. Par contre, dès qu'elle sera chez sa soeur, elle mettra un corps baleiné; elle se doit de "paraître" et de ne pas embarrasser Henriette par une tenue négligée.
Voici donc le corps matelassé qu'elle portera durant son voyage. J'ai étudié beaucoup de modèles et j'ai bidouillé un patron qui convenait à Madame Deslauriers. A cette échelle et avec mes petites connaissances, j'ai fait plusieurs patrons en papier et une toile que j'ai modifiée jusqu'à obtenir quelque chose de cohérent.
On met le "corps" sur la chemise pour deux raisons: un vêtement rigide à même la peau serait très inconfortable et surtout il serait très vite sale. La chemise procure une couche protectrice contre ces deux inconvénients.

Voyons de plus près...On voit le lacet qui passe sur le devant et revient sur l'arrière, ce qui assure une bonne prise pour tirer solidement. cela permet aussi à une femme seule de lacer à l'avance de façon lâche son "corps" puis de l'enfiler et de le resserrer tout en le plaçant correctement sans aide.

J'ai fait un laçage assez conforme à la réalité de l'époque. Le lacet aurait été très solide et bien long. J'ai utilisé un coton perlé fin car mes oeillets brodés ne pouvaient être trop larges, ça aurait été disproportionné.

Voilà! Adélaïde est presque prête à s'habiller.

Elle rajoute le "cul de Paris" qui va assurer une belle ampleur à ses jupons et elle peut continuer ses bagages et son habillage !
Le tissu de dessus est un simple coton, la doublure est du vieux drap de fil, très assoupli par les lavages et la couche intérieure est un molleton plat. J'ai matelassé en copiant sur des modèles réels d'époque mais comme toujours, l'échelle ne permet pas forcément une grande exactitude. Voici l'intérieur avant que je n'enlève le traçage, pour donner une idée.

Deux ou trois jours de travail pour un élément que je ne mettrai pas à Adélaïde au final mais un trousseau plus complet. La suite bientôt.

2 commentaires:

  1. Joli corset. Bravo ! J'en ai fait un il y a déjà quelques années et il faut bien dire que ce n'est pas évident. Il est surtout bien dommage qu'on ne puisse pas serrer la taille des poupées comme on serrait celles des femmes autrefois. On pourrait leur faire porter tous les sous-vêtements courants alors qu'on doit se limiter au strict minimum. Bien souvent je le regrette et je suppose que vous aussi.
    Bonne continuation pour le trousseau de la jeune dame.
    Martine

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  2. Merci Martine pour votre commentaire; oui, j'aimerais habiller ces dames avec toutes les "couches" nécessaires mais c'est impossible, à moins de vouloir obtenir Bibendum ! C'est juste pour le plaisir de faire . J'ai pu proprement habiller une demoiselle dans une tenue "Empire" avec son corset parce que la taille n'est pas marquée, c'est une des rares périodes historiques où c'est le cas. A bientôt, Martine !

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